
Hé bien non. Car Sherman, s'il apparait comme le héros récurrent de l'histoire, n'est qu'un membre d'une belle bande de jeunes new-yorkais fraichement débarqués sur le marché du travail, dont on suit les tribulations, jonglant d'un personnage à l'autre.
Sherman, donc, écrivain, euh, libraire, enfin, un peu paumé et Dorothy, sus-cités (mais si, là, juste avant. Oh suivez un peu hein :/). Mais également Ed, ami timide de longue de date de Sherman, apprenti-auteur de comics, fan inconsidéré de sabre-laser, tonton Vador et autres monstres poilus râleur, dont l'activité principale, en dehors donc de dessiner des héros masqués et bodybuildés, est d'assouvir enfin sa soif d'émois libidineux en accédant à son premier acte sexuel. Jane et Stephen, gringalette dessinatrice et massif autant que velu prof d'histoire (et grand admirateur de Théodore Roosevelt), forment le couple heureux de colocataires de Sherman. Elle, toute grignette, ne manque pas de caractère. Lui, avec sa tronche de chanteur de death métal patibulaire, se révèle doux et rêveur.
Sans oublier l'inénarrable Irving Flavor, aussi antipathique que touchant, acariâtre dessinateur pour lequel va commencer à travailler Ed et qui se retrouvera un peu malgré lui au centre d'un combat épique (et pathétique) contre la Major qui le délesta par le passé de ses droits sur un héros de comics devenu véritable poule aux œufs d'or. Et bien d'autres, seconds rôles savoureux dont on saisi rapidement l'épaisseur, qu'ils soient bouffons minables, chipies nihilistes ou queutard malicieux.
La description de leur vie nous attache irrémédiablement à eux, petits êtres en apparence insignifiants, mais tellement humains d'imperfection. Sans jamais vraiment nous lasser. Au moment où on pourrait sentir s'essouffler la narration, l'auteur arrive à la faire rebondir de façon habile, en sautant justement entre les personnages pour nous délivrer un récit foisonnant de trouvailles. Le récit est régulièrement interrompu par des intermèdes sous forme de questions-test au ton burlesque, où les personnages s'adressent directement au lecteur dans des réparties souvent délicieuses.
Une fois passées la première partie du roman, longue introduction dans laquelle on fait connaissance avec les personnages et où s'installe le récit, on se laisse facilement emporter par la BD-fleuve d'Alex Robinson, portée par quelques moments anthologiques.
Album, roman graphique, BD, ce que vous voulez, fort justement récompensé par le Prix du premier album au festival d'Angoulème 2005.
De mal en pis
Titre original : Box Office Poison
Dessins / Textes : Alex Robinson
Editions Rackham - 2005
Site officiel d'Alex Robinson
1 commentaire:
grand souvenir de lecture ce livre !
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