lundi 21 septembre 2009

[Vidéo] 'Wrong Hole' by DJ Lubel, Taryn Southern and Scott Baio

Après des mois d'absence, Things Go On With Mistakes revient par la petite porte (uhm) avec le tube de cette rentrée, ni plus ni moins. C'est beau, c'est grand, c'est fort. Vive l'amour!


vendredi 10 avril 2009

[Vidéo] The Beatles meet Lcd Soundystem meet The Kinks

Nouvelle rubrique chez Things Go On With Mistakes: la vidéo du jour. Au gré de nos envies, de nos découvertes, avec toujours un lien avec la culture.

A l'heure où la loi HADOPI est rejetée (on y revient très bientôt), une seule information retient l'attention de tous les mélomanes du monde entier: la réédition de tout le catalogue des Beatles! En stéréo et en mono!

Enfin! Depuis des années, on attendait cela. Surtout en mono (pourquoi? Parce que!). Pour fêter ça, une petite vidéo plutôt marrante: un mash-up mix de The Beatles - Lcd Soundsystem - The Kinks par un dénommé Faroff (plus d'infos sur le myspace du bonhomme, ici). Ou la rencontre de Paul McCartney, James Murphy et Ray Davies.


mercredi 8 avril 2009

[BD] Alex Robinson - De mal en pis

Sherman, 26 ans, blonde candeur et lunettes d'intello, est un jeune écrivain prolifique débordant d'enthousiasme et vivant allègrement de sa plume inspirée. Enfin, il aimerait bien, le bougre. Au lieu de cela, il traîne sa misère dans une librairie new-yorkaise à faire face à des clients abrutis ou agressifs et une patronne bien peu avenante. Il vit une histoire d'amour avec Dorothy, journaliste caninophile et pas bégueule sur la bouteille qu'elle porte à ses lèvres pulpeuses plus qu'à son tour. Bref, pas gégé quoi. Et c'est avec ça que l'auteur compte nous faire tenir en haleine durant les 600 pages (!) de son roman graphique?

Hé bien non. Car Sherman, s'il apparait comme le héros récurrent de l'histoire, n'est qu'un membre d'une belle bande de jeunes new-yorkais fraichement débarqués sur le marché du travail, dont on suit les tribulations, jonglant d'un personnage à l'autre.

Sherman, donc, écrivain, euh, libraire, enfin, un peu paumé et Dorothy, sus-cités (mais si, là, juste avant. Oh suivez un peu hein :/). Mais également Ed, ami timide de longue de date de Sherman, apprenti-auteur de comics, fan inconsidéré de sabre-laser, tonton Vador et autres monstres poilus râleur, dont l'activité principale, en dehors donc de dessiner des héros masqués et bodybuildés, est d'assouvir enfin sa soif d'émois libidineux en accédant à son premier acte sexuel. Jane et Stephen, gringalette dessinatrice et massif autant que velu prof d'histoire (et grand admirateur de Théodore Roosevelt), forment le couple heureux de colocataires de Sherman. Elle, toute grignette, ne manque pas de caractère. Lui, avec sa tronche de chanteur de death métal patibulaire, se révèle doux et rêveur.
Sans oublier l'inénarrable Irving Flavor, aussi antipathique que touchant, acariâtre dessinateur pour lequel va commencer à travailler Ed et qui se retrouvera un peu malgré lui au centre d'un combat épique (et pathétique) contre la Major qui le délesta par le passé de ses droits sur un héros de comics devenu véritable poule aux œufs d'or. Et bien d'autres, seconds rôles savoureux dont on saisi rapidement l'épaisseur, qu'ils soient bouffons minables, chipies nihilistes ou queutard malicieux.

La description de leur vie nous attache irrémédiablement à eux, petits êtres en apparence insignifiants, mais tellement humains d'imperfection. Sans jamais vraiment nous lasser. Au moment où on pourrait sentir s'essouffler la narration, l'auteur arrive à la faire rebondir de façon habile, en sautant justement entre les personnages pour nous délivrer un récit foisonnant de trouvailles. Le récit est régulièrement interrompu par des intermèdes sous forme de questions-test au ton burlesque, où les personnages s'adressent directement au lecteur dans des réparties souvent délicieuses.

Une fois passées la première partie du roman, longue introduction dans laquelle on fait connaissance avec les personnages et où s'installe le récit, on se laisse facilement emporter par la BD-fleuve d'Alex Robinson, portée par quelques moments anthologiques.

Album, roman graphique, BD, ce que vous voulez, fort justement récompensé par le Prix du premier album au festival d'Angoulème 2005.

De mal en pis
Titre original : Box Office Poison
Dessins / Textes : Alex Robinson
Editions Rackham - 2005


Site officiel d'Alex Robinson

mardi 7 avril 2009

[Cinéma] Les Trois Royaumes de John Woo

Vous aimez les combats perdus d’avance entre une petite armée de valeureux guerriers d'un coté, et une immense armée pilotée par un homme avide de pouvoir de l'autre? Vous ne savez pas quoi faire de votre mardi soir, lorsque vos amis sont tous scotchés devant La Nouvelle Star et Philippe Manoeuvre? Alors faites nous ce plaisir, courrez voir 'Les Trois Royaumes' de John Woo.

L’histoire se situe en Chine, en 208 après JC, et relate la lutte du premier ministre Cao Cao pour unifier le royaume. Mélange de faits réels, et imaginaires (ceux-ci provenant du roman 'Les Trois Royaumes', de Luo Guanzhong), le film est une excellente surprise.

Réalisé avec une grande légèreté, on a parfois l’impression que la caméra de John Woo est une plume au vent qui se ballade d’un bout à l’autre de ce huis clos à ciel ouvert (l’essentiel de 'Les Trois Royaumes' se situe à la falaise rouge où se déroule la splendide bataille entre 50.000 dissidents et les 800.000 hommes de Cao Cao) en virevoltant d'une scène à l'autre.

On souffre avec les hommes de Zhou Yu devant la difficulté du défi. Le génie tactique des généraux est mis en avant tout le long du film, de manière très didactique pour le spectateur, chose rare dans ce genre d’épopée (je cherche encore à comprendre la scène de la bataille d’Alexandre face à Darius totalement illisible dans 'Alexandre', le film réalisé par Oliver Stone). Les généraux se battent avec une virtuosité, que la réalisation de John Woo met au premier plan. Et enfin, ce qui ne gâche rien, les paysages et les couleurs sont magnifiques.

On ne voit donc pas les 2h25 passer (à noter que la version asiatique dure le double!), et c’est un spectateur qui a vu le film assis par terre (salle comble couplée à un léger retard) qui vous le dis ! Bref, après 'Mission impossible: 2' et 'Windtalkers', John Woo se rachète enfin! Il était temps!


'Les Trois Royaumes' (titre original: 'Chi Bi')
Réalisé par John Woo
Avec Tony Leung Chiu Wai, Takeshi Kaneshiro, Zhang Fengyi
2h25 - 2009 (France)



Bande-annonce de 'Les Trois Royaumes':



lundi 6 avril 2009

[Livres] Jonathan Safran Foer - Extrêmement Fort et Incroyablement Près

Oskar Schell a 9 ans. Surdoué, fan des Beatles et d’I Am The Walrus, extrêmement sensible et se posant des questions constamment sur le monde qui l’entoure, sur la façon de l’améliorer, ce gamin new-yorkais est le fils de Thomas Schell qui se trouvait dans le World Trade Center le jour des attentats du 11 septembre. Et il y a laissé la vie. Depuis, Oskar cache sa douleur derrière des milliards d'interrogations sans queue ni tête, et des douleurs qu’il s’inflige plus que régulièrement.
Un jour, en fouillant dans le dressing de son père, il découvre un vase bleu au fond duquel se trouve une petite clé noire. Persuadé qu’elle est un indice laissée par son père, Oskar se met donc en branle aux quatre coins d’un New-York encore traumatisé, prêt à trouver des réponses et à faire son deuil.

Raconté par trois personnages (Oskar donc, où l’auteur le fait parler dans un style enfantin mais incroyablement dur, sa grand-mère dont les «yeux ne valent pas tripettes» et son grand-père qui ne parle plus et qui ne communique qu’à l’aide d’un stylo et d’innombrables cahiers vierges), ‘Extrêmement Fort et Incroyablement Près’ est un roman pas comme les autres.

En insérant et mélangeant photos des attentats et d’autres plus personnelles, en laissant défiler des quasi pages blanches pour établir l’œuvre du grand-père, Jonathan Safran Foer casse les codes et rend son œuvre difficile à suivre. Peut-être trop.

Car ‘Extrêmement Fort et Incroyablement Près’ perd son lecteur. En faisant se lancer dans de grandes tirades interminables ses narrateurs (notamment le grand-père) ou en rendant son héros Oskar de temps à autres totalement insupportables, Jonathan Safran Foer gâche la sève que l’on peut tirer de son roman.

Néanmoins, il serait injuste de limiter cette oeuvre à ces quelques points négatifs. Car de par son histoire finalement simple et très touchante sur la fragilité d’une vie et la fragilité d’un être ainsi qu'en osant un parallèle des plus subtils entre deux évènements dévastateurs qu’ont été les attentats due 11/09 et le bombardement alliés en 1945 sur la ville de Dresde, en Allemagne, ‘Extrêmement Fort et Incroyablement Près’ reste une belle découverte. Et un roman inhabituellement surprenant.

Titre original: Extremely Loud and Incredibly Close
Origine: Etats-Unis
Année: 2005

mercredi 1 avril 2009

[Livres] Robin Hobb - La Citadelle des Ombres

L'héroic fantaisy, on accroche ou on n'accroche pas en général. Et ceux qui accrochent finissent par ne lire que ça. Tandis que les autres restent perplexes devant la cartographie ultra détaillée d'un monde imaginaire, dans lequel vivent des personnages gentils ou méchants et où après des centaines de pages de péripéties, le bien l'emporte. Les héros s'en vont vivre alors une vie paisible dans la nostalgie des combats passés. Clap de fin.

Robin Hobb transfigure le genre avec La Citadelle des Ombres. Son histoire tiens en haleine parce qu'elle ne se contente pas de narrer une succession de combats, mais raconte aussi la complexité des relations humaines, comme si tout cela se passait aujourd'hui dans nos vies d'occidentaux, alors que l'histoire se situe dans un moyen age d'un autre monde.

On se dit que Robin Hobb, une femme dans un genre plutôt masculin, nous préservera d'assister à la souffrance des protagonistes du roman. Erreur! L'américaine est d'un sadisme effroyable. Le héros, un jeune bâtard, fils du roi du royaume, s'en prend plein la figure pendant 2000 pages (et plus: le cycle continue avec une suite, 15 ans plus tard). Il doit déjouer les complots du frère du roi, Royal, avide de pouvoir, tout en aidant à maintenir des pirates qui assaillent le royaume par les côtes, et qui vident les hommes de leur âme. Il comprendra très vite que le destin des élus tend plus au sacrifice qu'aux louanges.
Ne vous laissez pas effrayer par l'ampleur de l'œuvre. Dés les 100 premières pages, on ne peut plus s'arrêter.

'La Citadelle des Ombres' est en fait la réunion de 13 épisodes différents en 5 tomes distincts, couvrant deux cycles lancés par l'auteur: 'L'Assassion Royal' et 'Le Prophète Blanc'.

Titre original:
'The Farseer Trilogy' et 'The Tawny Man'
Origine: Etats-Unis
Année: 1996-2004

mardi 31 mars 2009

[Cinéma] La Première Etoile de Lucien Jean-Baptiste

'La Première Étoile' est l'histoire d'une famille de banlieue parisienne qui a du mal à joindre les deux bouts, où la mère fait tout et où le père ne fait rien à part jouer tout l'argent du ménage aux courses. Déconnecté des réalités, Jean-Gabriel promet à ses trois enfants et à sa femme de les emmener une semaine "au ski". Cette dernière, lasse de tant de promesses non tenues et d'un mari qui ne prend pas son rôle de père au sérieux, décide de ne pas prendre part à l'aventure et de laisser la place à sa belle-mère, au caractère bien trempée.

Annoncée comme la meilleure comédie depuis bien longtemps, 'La Première Étoile' n'est finalement qu'une comédie sympathique qui n'a rien d'exceptionnelle: les gags ont, pour la plupart, été vus et revus, les bons sentiments sont légions, les clichés aussi (la gamine noire qui remporte un concours de chant, les montagnards), les personnages sont assez caricaturaux (Bernadette Lafont en acariâtre et raciste logeuse) et la réalisation est sans intérêt. Surtout, 'La Première Etoile' suit un schéma de comédie classique (on part de tout va mal, on finit à tout va bien et tout le monde s'aime d'amour et de neige), que l'on aimerait bien voir disparaître tant il est éculé.

Cependant, tout n'est pas à jeter dans ce film. Car il faut avouer qu'il y a parfois de francs éclats de rire. Et si les timides sourires l'emportent plus souvent, on notera surtout la prestation de Firmine Richard, sur qui le film se repose entièrement, délicieuse Bonne-Maman, au caractère bien trempé et à l'énergie communicative.

Bref, sorte d'adaptation du 'Bienvenue Chez Les Chtits' façon créole, ce 'Bienvenue Chez Les Noirs, au Ski' est une comédie sympathique, sans prétention certes, mais qui finalement ne va pas au-delà.

'La Première Etoile'
Réalisé par Lucien Jean-Baptiste
Avec Lucien Jean-Baptiste, Anne Consigny, Firmine Richard, Bernadette Lafont, Michel Jonasz ...
1h30 -
2009


Bande-annonce de 'La Première Étoile':

samedi 21 mars 2009

[BD] Frederik Peeters - Ruminations

Quand Frederik Peeters mâche et remâche ses pensées et ses souvenirs, ils ressortent de sa panse avec un sacré goût de bile.

L'auteur des Pilules Bleues compile vingt-six nouvelles qui reflètent son cheminement depuis une dizaine d'années, petites histoires baignées de suc gastrique sorties du fond d'un estomac forcément brûlé, pour la plupart déjà parues (dans Bile Noire notamment). On reconnaît le trait impeccable de cet artiste devenu majeur qui est aussi à l'aise dans la moiteur réaliste de l'existence (Les Pilules Bleues) que dans la science- fiction humaniste (Lupus, oui, il paraît que je suis fan).

Peeters cultive l'éclectisme. Il navigue avec aisance d'un genre à l'autre, à la rencontre de sa conscience, d'un macabre artiste des cavernes, d'un tueur à gage philosophe, de ses compatriotes suisses, écorchés autant qu'aimés, ou encore... d'Orson Welles. Ses armes favorites : le cynisme, l'humour noir et un angle de vue finalement assez hédoniste par la saisie de ces petits instants de l'existence qui provoquent un bonheur simple. La candeur et l'innocence pour s'opposer à la réalité implacable de la vie.

A chaque retournement de son esprit, Peeters nous envoie une nouvelle partition, jouant avec les codes graphiques, changeant les points de vue, rendant ses personnages bavards ou à contrario complètement muets, se mettant en scène. Toujours avec talent, le suisse prend le lecteur dans son tourbillon, pour ne plus le lâcher qu'après un bon nettoyage de cerveau, retourné, amusé, effrayé, épuisé, apaisé.

Ce type est tout simplement l'un des auteurs de bandes dessinées les plus talentueux de ces dernières années.

Ruminations
Dessins / Textes: Frederik Peeters
Editeur: Atrabile - 21 €
Parution: 2008


Site officiel de Frederik Peeters

A voir également, son blog "thématique", un must de la toile.

vendredi 20 mars 2009

[Livres] Ken Follett - Un Monde Sans Fin

Deux siècles se sont écoulés depuis la fin des 'Piliers de la Terre'. Jack le Bâtisseur, Aliena et le prieur Philip ne sont plus de ce monde. Mais Kingsbridge est devenue une cité incontournable de l'Angleterre du XIVè siècle. Dans cette ville prospère qui compte désormais des milliers d'âmes, quatre jeunes enfants se rencontrent: il y a là Merthin et son petit frère Ralph, Gwenda fils d'un paysan sans terre et voleur à la petite semaine et Caris, la fille du prévôt de la guilde de la ville. En partant se balader, ils assistent impuissant à la lutte entre deux gardes armés et un chevalier blessé. Ce dernier l'emporte devant des enfants terrifiés, avant de cacher sous un arbre une missive secrète qui ne doit pas tomber dans les mains de n'importe qui et de confier le secret au seul Merthin. Mais combien de temps ce secret restera t-il enfouit dans la terre sèche anglaise?

Vingt ans après ses 'Piliers de la Terre', Ken Follett revient donc aux affaires avec cette nouvelle histoire. Là aussi, tout ne va être que rebondissement, amour impossible et tragédies tout au long de 1200 pages très fournies. Ken Follett repart sur les mêmes bases en changeant le caractère des protagonistes: le comté de Shiring n'a cette fois rien de sympathique et le prieuré de Kingsbridge est pris en main par de fieffés coquins avides d'argent et de pouvoir.
Toutefois, en choisissant d'externaliser son histoire le temps de quelques chapitres (la guerre en France, Merthin à Florence), Ken Follett réussit à se réinventer. Surtout, en intégrant la peste à son roman, il lui donne une dimension encore plus dramatique que dans le premier tome.

C'est également pour lui, et bien plus que dans 'Les Piliers de la Terre', l'occasion de lancer des piques à cette institution ecclésiastique perdue et dont l'influence semble décroitre à mesure des mauvais choix et des décisions catastrophiques qu'elle prend.

Toujours dans ce style agréable à lire, sûr de son écriture et de son talent de narrateur, Ken Follett réussit une fois de plus à plaire et à passionner. On pourra cependant lui reprocher d'avoir pris les mêmes trames générales, en changeant les qualités des protagonistes. On ergotera qu'il tombe dans la facilité avec de - très - nombreuses scènes de sexe et de viols au caractère parfois douteux. On discutera même les cent dernières pages du livre qui tentent de répondre à un maximum de rebondissements mais qui finissent par dérouter le lecteur.

Toutefois, ne nous leurrons pas: 'Un Monde Sans Fin', s'il n'a pas la grâce et le talent de son prédécesseur, reste un bon roman et un thriller moyenâgeux très agréable à dévorer. Rien de moins. Rien de plus.

Titre original: World Without End
Origine: Royaume Uni
Année: 2008

samedi 14 mars 2009

[Livres] Ken Follett - Les Piliers de la Terre

Tout se déroule au XIIè siècle. Tom le Bâtisseur a un rêve: construire une cathédrale, la plus haute, la plus belle. Malheureusement, il vient de tomber au chômage: le seigneur pour lequel il travaille vient en effet de lui annoncer avec dédain qu'il arrêtait les frais de la construction de sa nouvelle demeure. Raison invoquée? Il devait épouser la comtesse de Shiring, Aliena, mais celle-ci, forte tête, a refusé.
Tom se retrouve donc sur les routes avec sa femme, enceinte, et ses deux enfants, en train d'essayer de survivre dans une Angleterre frappée par un hiver glacial. Rapidement, et après quelques déchirures et autres rencontres, toute la troupe arrive à Kingsbridge où le bon prieur Philip, récemment nommé, et grâce à l'aide de Jack, le fils de sa deuxième compagne, l'embauche pour construire la cathédrale la plus belle d'Angleterre. Une construction qui sera un chemin de croix...

A la base, le pari semblait risqué: écrire un roman sur le moyen-âge relevait de la gageure tant le résultat pouvait être ennuyeux. Mais Ken Follett réussi haut la main son entreprise. Car 'Les Piliers de la Terre' est un roman palpitant. Un livre qui s'étale sur deux tomes de 600 pages, où tout n'est que magouilles, manipulations, trahisons, meurtres, viols, peines, joies, tristesse, amour, romance, désordre politique et combats pour la coiffe royale. Le tout chapeauté par une église omnipotente et omniprésente, qui est le principal pouvoir d'une Angleterre qui tente de survivre.

Sa - légère - faiblesse est finalement ce qui fait le centre de son œuvre: les cathédrales. En s'apesantissant un peu trop sur de longues et répétitives descriptions de constructions, Ken Follet perd parfois son lecteur. Mais à part ces quelques passages, 'Les Piliers de la Terre' s'avère être un véritable thriller médiéval de haute volée, où les coups bas répondent aux traitrises passées, dans une enchaînement de rebondissements inattendus mais bienvenus.

Passionnant de bout en bout, écrit dans une style fluide et agréable, 'Les Piliers de La Terre' est une véritable saga qui sort de l'ordinaire et une œuvre majeure du genre. A lire absolument.

Nb: 'Un Monde Sans Fin', la suite de 'Les Piliers de la Terre' est sorti l'an passé. Chronique ici.

Titre original: The Pillars of the Earth
Origine: Royaume-Uni
Année: 1989

jeudi 12 mars 2009

[Livres] Todd Strasser - La Vague

A la fin des années 60, aux États-Unis, une expérience avait été menée par un professeur d'histoire, Ron Jones, dans un lycée de Californie. Ayant en charge des terminales et alors qu'ils étudient la seconde guerre mondiale et les atrocités commises par les nazis, il se rend compte que sa classe ne comprend pas comment les allemands ont pu en arriver là et suivre un chef comme Hitler sans se poser de questions.
Ces interrogations vont déboucher sur une expérience inédite, La Vague, menée par Ron Jones afin de faire comprendre à ses élèves ce qu'était de vivre en Allemagne dans les années 30 sous le nazisme. Ordre et discipline en sont les maîtres mots, les slogans «La force par la discipline, la force par la communauté» les moteurs, le geste mimant une vague le point de ralliement. Rapidement, les élèves adhèrent à l'idée. Malheureusement, un peu trop ...

Le pitch est très intéressant et promettait beaucoup. Et au final, j'ai été assez déçu. Le livre n'est pas spécialement bien écrit, très narratif, sans aucune prise de risque stylistique. 'La Vague' est un livre très court qui se lit en une bonne 1h30. Et c'est un vrai obstacle car rien n'est fouillé, tout ne reste qu'en surface. Aucune réflexion n'est proposée au final. Jamais de remise en cause. C'est à peine si l'on voit l'évolution des protagonistes, qui reste d'ailleurs extrêmement caricaturale. Tout va très vite, trop vite. Au final, tout est un peu gentillet, tout n'est finalement pas si grave. On a même souvent l'impression de lire un manuel d'histoire qui débiterait de façon assez monotone l'histoire contemporaine.

Alors oui, on me rétorquera, à juste titre, que l'histoire s'est sûrement et effectivement déroulée de cette façon et que Todd Strasser a voulu la respecter au plus près. On ajoutera également que 'La Vague' n'est qu'une adaptation romancée d'un téléfilm consacré à l'expérience. Certes.

Il n'empêche, je continue de penser qu'il y avait matière à pousser une réflexion plus loin, à faire s'interroger les personnages sur leurs attitudes, à développer de plus grandes théories. 'La Vague' est donc une grande déception où plane un fort sentiment de gâchis.

Titre original: The Wave
Origine: États-Unis
Année: 1981

jeudi 12 février 2009

[BD] Ruppert & Mulot - Gogo Club

Quand on parle de Mulot, on parle automatiquement de Ruppert. Non, c'est l'inverse. Arf. Jérôme Mulot, Florent Ruppert, ne font qu'un, en fait. Ils dessinent ensemble, écrivent ensemble, peut-être même qu'ils se droguent ensemble, couchent ensemble, allez savoir. Ah oui, et ils bavardent ensemble, surtout, dans leurs histoires. Je ne crierai pas à l'OVNI, ou OBNI (Objet Bédéesque Non Identifié). Juste à l'OBVIH (rien à voir avec le Sida, hé) : Objet Bédéesque (je revendique la paternité de cet adjectif) Vraiment Iconoclaste et Hilarant. Surtout, ce que fascine chez ces deux là, c'est leur façon de créer un mouvement dans leur dessin. Les images bougent, millimétrées dans leur enchaînement, calibrées pour mieux danser.
Les deux compères, qui se sont rencontrés sur les bancs de l'ENSA de Dijon, prennent un malin plaisir à déformer l'objet bande-dessinée pour proposer dans leurs différentes œuvres parues une nouvelle façon de construire la narration. Enfin, si déformation il y a, c'est surtout dans leur façon de découper le récit. Gourmands de la mise en scène graphique, ils utilisent notamment les bulles en arborescence, pour créer un dialogue dans une seule case. Des dialogues savoureux, irrévérencieux, au service d'un récit qui recelle bien de plus de noirceur qu'il n'y parait, caché derrière une fausse légèreté. Le dessin semble simple, abstrait, mais demande une technique et une précision impeccable, implacable j'ai envie de dire. Les albums de Ruppert et Mulot, c'est du découpage de film d'animation, ni plus ni moins.
Dans ce Gogo Club, après une préface de Jean Claude Menu (un des créateurs de l'Association) qui donne le ton (rencontre entre l'éditeur et les deux auteurs), se déroule un "casting" absolument hilarant dans le but d'y trouver les acteurs d'un terrible drame qui se tramera dans la deuxième partie! L'histoire en elle même, justement, est un véritable mélange de film muet, avec dialogues en aparté, et de mise en scène théâtrale.

Quand on commence l'album, on ne sait pas vraiment où on va, quand on l'a refermé, on ne sait pas vraiment où on est arrivé. Pour ma part, j'ai surtout beaucoup ri, souri, et je me suis forcément laissé emporté par le mouvement.

D'ailleurs, il faut jeter un œil plus qu'attentif sur leur splendide site (www.succursale.org), qui propose une suite logique de leur travail sur album. On y retrouvera le vestiaire des "acteurs" de Gogo Club, ainsi (entre autres) qu'un jouissif championnat de bras de fer avec une belle bande de joyeux drilles dessinateurs (Boulet, Peeters, Trondheim, etc) et de bien belles animations.


'Gogo Club'
Scénario et dessin: Jérome Mulot et Florent Ruppert
Editeur : L'Association - 6€
Parution : février 2007

lundi 9 février 2009

[BD] Tardi / Verney - Putain de guerre

Tardi revient avec l'un de ses sujets de prédilection : la Grande Boucherie de 14-18. Lui qui a eu un père-grand gazé dans les dépotoirs des tranchées se sent quelque peu concerné par cette période assez douloureuse de l'histoire où les généraux à moustaches envoyaient au carnage des pauvres types se faire déchiqueter l'os pour apprendre à ces casques à pointe prussiens qui c'était qu'avait la plus grosse (hé, nous évidemment - arrêtons nous un instant pour écouter la Marseillaise - hmm qu'elle est douce).
Tardi, qui a toujours eu un engagement fort dans ses oeuvres (C'était la guerre des tranchées, Le Cri du peuple, etc.), se replonge donc avec son historien de scénariste dans la mouise de la guerre. On a souvent vu Tardi en noir et blanc, cette fois il utilise la couleur. Ce qui, ajouté à la ligne claire de son dessin, pourrait faire croire à un quelconque espoir, mais en fait, ben euh, non. Non, tout n'est que noirceur, sang qui coule et désespoir qui nous saute à la tronche, en même temps que les bouts de cervelles éparpillés des soldats-barbaques.
Putain de guerre retrace l'Histoire sous l'oeil hagard d'un de ces soldats qui par miracle (et pour le besoin du scénar) survit aux années 14-15-16 (en attendant la suite qui devrait sortir bientôt). Avec lui, on assiste aux drôleries de la guerre, ses fleurs qui poussent et ses papillons qui volètent sous un soleil radieux...

Encore une fois c'est une réussite dans cet album où tout est montré de façon très explicite avec une évidente simplicité. Pas de chichis, d'effets de style, de surnaturel, d'onirisme. C'est brut de décoffrage, Tardi, brut et sombre, glauque, poisseux. Putain de guerre quoi.


'Putain de guerre!'
Dessins : Jacques Tardi
Textes : Jean-Pierre Verney
Editeur : Casterman - 16€
Parution : 7 novembre 2008


vendredi 6 février 2009

[BD] Frank Miller - Valeurs Familiales

S'il y a bien une série à posséder dans sa collection, c'est celle de maître Miller, Sin City. Il existe pour le moment 7 tomes, et Valeurs familiales est le 5è, mettant en scène la délicieuse mais quand même complètement barge Miho, tueuse japonaise à roller, tendance ninja sadique. Un personnage qu'on a pu voir dans le film de Robert Rodriguez, d'ailleurs. Peut être pas le meilleur album de la série, mais suffisamment bon pour ne pas faire tâche à côté des premiers opus.

Le film a permis à beaucoup de connaître l'univers Sin City, déjà incontournable chez les amateurs de comics. américains. L'intrigue se déroule donc dans l'univers sombrissime des bas fonds de cette ville de vices et de pêchés, où la loi du plus barbare est la meilleure. Le scénario fuse comme une balle de 32 mm et vous traverse le crâne avec une joyeuse explosion de rebondissements et de noirceur jouissive.
Mais au delà du scénario, ce sont les personnages dépeints avec une force hallucinante qui font vivre l'histoire : les mecs sont plus souvent ex-taulard brutal et magnifique, flic ultra-viril au grand coeur, méchants très très méchants, ou tueurs à gages plein de sang froid; les femmes des putes avec un Uzi caché dans le string ou fausses fragiles découpeuses de mecs trop relou. Quant au dessin, je ne me lasse pas de lancer une onomatopée admirative : Waouh! J'ai pas mieux comme jugement. Les graphismes en noir et blanc (avec une pointe de rouge, parce qu'il y a du sang... parfois) de Miller sont proprement somptueux et rajoutent au côté obscur de l'intrigue.
J'ai pris une méga claque visuelle le jour où j'ai posé les yeux pour la première fois sur les planches coup de poing de Sin City. Je ne m'en lasse pas.

Chaque album de la série est une pure merveille et donne envie de se plonger irrémédiablement dans le reste de l'œuvre de Frank Miller (Dark Knight, me voilà!). Ces Valeurs Familiales ne dérogent pas à la règle.


'Sin City t.5 Valeurs familiales' (Family Values)
Scénario et dessins : Frank Miller
Editeur : Rackham - 15€
Parution : 2001


mercredi 28 janvier 2009

[Livres] Hubert Selby Jr - Le Démon (1976)

Harry White est jeune. Harry White est brillant. Harry White aime ses parents et sa grand-mère comme eux l’aiment. Harry White est un tombeur. Un baiseur né qui fornique uniquement de la femme mariée. Ça évite les emmerdes.
Le hic dans tout cela, c’est que cette passion pour les femmes devient vite un besoin et cache un véritable démon qu’il faut rassasier plus que de raisons. Si bien qu’Harry White doit faire un choix : ses tentations ou sa vie, ses pulsions ou son travail, pour lequel il est loué et prédit à un très grand avenir. Sauf que ses entrailles se déchirent de jour en jour. Et qu’Harry doit trouver une solution…

Ce roman d’Hubert Selby Jr est angoissant au possible. Véritablement. Il existe dans la prose de l’américain un désespoir mêlée à une haine qui transpire de chaque scène où Harry se retrouve confronté à ses démons. La descente aux enfers d’Harry White est atroce, souvent insoutenable. On a envie de foutre des claques à ce jeune homme, bien sous tous rapports, et le supplier de se reprendre et d’arrêter d’agir comme un idiot. Tout vient beaucoup du style de Selby : de longues phrases – parfois interminables – mélangeant narration et pensées du personnage, des descriptions coups de poings qui décrivent à merveille tout ce qu’Harry White doit endurer.

‘Le Démon’ est un roman hallucinant de noirceur. L’histoire terrifiante de la chute d’un homme, bouffé par son mal-être, qui avait pourtant tout pour être heureux.

Titre original: The Demon
Origine: États-Unis
Année: 1976


mardi 6 janvier 2009

[Livres] Gabriel Garcia Marquez - Cent Ans de Solitude (1982)

L'histoire et la vie d'une famille, à Macondo, village fondé par Ursula et José-Arcadio Buendia, entre avancées technologiques, petites victoires, grandes défaites, découverte du monde extérieur, naissance, vie, mort. Tout y passe. Un livre qui navigue entre conte et réalité.

Et une des grandes aventures littéraires de ma vie, à l'histoire assez cocasse. J'avais lu les deux-tiers de ce bouquin il y a quelques années. Et déjà, à l'époque, j'avais beaucoup aimé. Mais j'avais du le lâcher deux semaines pour cause de partiels. Quand je l'avais repris, je ne savais plus où j'en étais, vu que les personnages ont le bon gout de tous s'appeler José-Arcadio ou Auréliano ou Remedios. Bref, un joyeux mic-mac dans lequel il m'était difficile de m'y retrouver.

Je l'ai repris y a quelques semaines (en m'armant d'un stylo pour créer petit à petit l'arbre généalogique). Et j'ai fondu à nouveau. Quel roman! Quelle écriture! Quelle virtuosité! Cette façon de décrire les ambiances, les actes, avec une poésie dingue, ce foisonnement qui ressort de chaque ligne, de chaque paragraphe, de chaque aventure. Et ce souci du détail. Ce livre est grand. Tu m'étonnes qu'il ait eu son prix nobel...


Titre original: Cien Años de Soledad
Origine: Colombie
Année: 1967